Qu’est-ce qu’une zone humide ?

© Clément Decaux
© Clément Decaux

On les nomme localement « sagnes », « mouillères », « vergnes ». Derrière ce vocable se cachent des formations entre terre et eau : les tourbières et prairies humides.

 

Décrire les tourbières et les prairies humides ne suffit pas ; celui qui n’a pas un jour traversé une zone humide aura du mal à ressentir pleinement tout le caractère particulier de ces milieux.

 

De loin, la végétation détonne avec celle des alentours par un vert luxuriant au plus chaud de l’été, et un jaune pâle en hiver. En s’approchant on remarque que les végétaux adoptent tantôt un port bas et gazonnant pour profiter au maximum de l’eau, tantôt un port en touffes, ou en coussinets pour s’affranchir des longues périodes d’inondation.

 

En y pénétrant, le pas se dérobe, le sol mou ralentit toute progression. Localement, on trouve des « gouilles » sortes de chenaux comparables à des bras morts de rivières miniatures. Ailleurs, la végétation devient plus haute et se densifie, plus loin, au contraire, la végétation rase et flottante s’est adaptée aux inondations permanentes. Vous l’aurez compris, pour réellement apprécier les zones humides, l’observation ne suffit pas : il faut s’aventurer et pénétrer au cœur de ces milieux pour ressentir la portance du sol, l’action de l’eau, qui tantôt imbibe, tantôt inonde.

 


Les Rôles des zones humides

On a souvent mis en avant la diversité biologique des zones humides qui hébergent une flore remarquable, adaptée à la vie dans les milieux gorgés d’eau et accueillent pour tout ou partie d’un cycle de vie ou le temps d’une halte migratoire une faune tout aussi riche. C’est un fait désormais établi qui dépasse le simple cadre de notre région ou de notre département. Au niveau mondial, on estime que plus de 50 % des oiseaux et plus de 30 % des espèces de flore menacées dépendent des zones humides. Certaines espèces relictuelles des périodes glaciaires se maintiennent d’ailleurs depuis des milliers d’années dans les tourbières et les prairies humides du département ! Cette richesse, préservée, nous la devons à des générations d’éleveurs qui par la pâture ou la fauche ont su maintenir des pratiques en adéquation avec la conservation des milieux humides où ces plantes continuent encore d’évoluer.

 

Les zones humides sont aussi de véritables infrastructures naturelles. Elles rendent, en silence et gracieusement, de réels services à la collectivité : elles permettent une gestion qualitative et quantitative de l’eau et assurent ainsi un rôle majeur dans la conservation de l’eau au « pays ». D’ailleurs, on les compare à des « châteaux d’eau » qui gèrent directement ou indirectement le rechargement de nombreuses nappes phréatiques.

 

Le drainage d’une zone humide va indéniablement accélérer la sortie de l’eau qui va alors grossir les fossés et quitter le « pays » sans s’infiltrer, sans recharger les nappes et rejoindre rapidement les cours d’eau en aval. En outre, avant d’arriver à la rivière, l’eau aura gagné en force et en puissance, augmentant alors sa capacité érosive et créant des dégâts bien des kilomètres plus bas que les assurances et la collectivité peinent à prendre en charge. C’est un fait établi, les zones humides sont des « éponges » et en retenant l’eau elles assurent une désynchronisation des pics de crues.

 

Les zones humides jouent également un rôle dans l’amélioration de la qualité de l’eau. L’eau qui parcourt les tourbières et les prairies humides est forcée de circuler au travers d’une végétation foisonnante et d’un microrelief chahuté. Bien souvent, l’eau se voit contrainte de stationner plusieurs jours ou plusieurs semaines avant de s’infiltrer ou de rejoindre les cours d’eau en aval. C’est cet écoulement, forcément lent, au travers des zones humides, qui permet la filtration et l’épuration de l’eau. C’est ainsi que les zones humides sont comparées à de véritables « reins » à l’échelle d’un bassin versant. Combien de village, de particuliers, de stabulations, d’auges, bénéficient d’une eau de qualité grâce au travail silencieux des zones humides !

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Définitions

Une zone humide, par sa capacité à se gorger d’eau pendant les périodes de crues et la restituer au milieu lors de sècheresses, est comparable à une éponge. Ce milieu est défini juridiquement par le code de l’environnement et la Convention de Ramsar de la manière suivante.

Définition d’une zone humide d’après le Code de l’Environnement

D’après le code de l’environnement, les zones humides sont des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l'année».

 

Lien vers Article L.211-1 du code de l’environnement

 

Définition d’une zone humide d’après la Convention de Ramsar

La Convention a pour mission: « La conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides par des actions locales, régionales et nationales et par la coopération internationale, en tant que contribution à la réalisation du développement durable dans le monde entier ».

 

 La Convention adopte une optique large pour définir les zones humides qui relèvent de sa mission, à savoir marais et marécages, lacs et cours d’eau, prairies humides et tourbières, oasis, estuaires, deltas et étendues à marée, zones marines proches du rivage, mangroves et récifs coralliens, sans oublier les sites artificiels tels que les bassins de pisciculture, les rizières, les réservoirs et les marais salants.